Genèse et Préhistoire : un dialogue possible Replacer le récit biblique dans le contexte préhistorique

 

Genèse et Préhistoire : un dialogue possible




Replacer le récit biblique dans le contexte préhistorique

La question de l’origine de l’humanité peut sembler opposer le récit de la Genèse et les découvertes de la préhistoire. Pourtant, on peut lire ces deux sources de manière complémentaire. Déjà en 1943, Pie XII encourageait les exégètes à s’appuyer sur l’histoire, l’archéologie, l’ethnologie, etc., pour comprendre les genres littéraires employés dans la Bible​fr.wikipedia.org. Dans cet esprit, il est possible de rapprocher le récit symbolique d’Adam et Ève et de leurs premiers descendants (Genèse 2–4) avec la transition du Paléolithique (chasseurs-cueilleurs nomades) au Néolithique (agriculteurs sédentaires). Loin de réduire la portée spirituelle du texte biblique, cette lecture enrichit sa compréhension à la lumière de ce que nous savons aujourd’hui de la préhistoire humaine.

Voici comment certains éléments clés de la Genèse trouvent un écho frappant dans les transformations qu’ont vécues les premiers Homo sapiens :

Éveil de la conscience morale et spirituelle

Dans la Genèse, avant la « chute », Adam et Ève vivent nus sans honte, comme des enfants innocents. Mais après avoir mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils prennent conscience du bien et du mal (Gn 3,7). Ce récit traduit l’éveil de la conscience morale chez l’humanité. D’un point de vue anthropologique, on peut y voir la progressive émergence, au cours de la préhistoire, d’êtres humains dotés d’une âme rationnelle et d’un sens éthique. Les indices archéologiques suggèrent en effet qu’à un stade évolutif, l’homme développe l’abstraction, l’art et sans doute une forme de loi morale intériorisée. Des chercheurs estiment que l’homo sapiens moderne (apparu il y a ~200 000 ans) manifeste pour la première fois une pensée symbolique complexe, avec des rites funéraires, des peintures rupestres, etc. – autant de signes indirects d’une conscience réfléchie. On peut dire ainsi que « la conscience, l’intelligence, le sens esthétique et moral ainsi que l’activité religieuse peuvent être décelés chez les humains fossiles »iscast.org. En termes bibliques, Dieu crée l’homme « à son image », c’est-à-dire capable de raison, de liberté et de relation à Dieu – traits qui se sont progressivement mis en place dans l’humanité préhistorique sous le regard de la Providence divine.

Du jardin d’Éden à l’agriculture laborieuse

Dans le texte sacré, après la faute, Dieu dit à Adam : « C’est à la sueur de ton front que tu tireras ton pain du sol » (Gn 3,19). Adam est envoyé cultiver la terre hors du jardin d’Éden. Ce passage évoque le début du travail agricole pénible, faisant suite à un état antérieur d’harmonie où la nourriture était donnée sans effort (le jardin). Or, cela fait fortement penser à la révolution néolithique il y a environ 10 000 ans : l’humanité passe alors de la cueillette facile de fruits sauvages à la culture du sol et à l’élevage, activités exigeantes mais nécessaires pour subvenir à une population croissante.


Vestiges d’une ferme néolithique (site de Knap of Howar, Orcades – vers 3500 av. J.-C.). L’apparition de tels habitats sédentaires permanents marque le passage d’une vie nomade de chasseurs-cueilleurs à une vie d’agriculteurs sédentaires. Ce grand changement de mode de vie correspond au « travail de la terre » décrit dans la Genèse après l’expulsion d’Éden : l’homme doit désormais cultiver pour se nourrir. En effet, les études montrent que la sédentarisation agricole s’est accompagnée de labeurs et de souffrances nouvelles : diminution de la diversité alimentaire (les agriculteurs dépendent de quelques céréales de base, entraînant carences en vitamines) et apparition de maladies jusqu’alors rares (épidémies dues à la promiscuité et aux animaux domestiques)​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Le récit biblique exprime cette réalité : après la chute, la vie de l’homme devient plus dure qu’au « paradis perdu ». Néanmoins, cultiver la terre a aussi permis des progrès (stockage de nourriture, développement de villages, techniques nouvelles) – ce que la Genèse suggère en mentionnant dès les premiers chapitres l’invention de l’agriculture, de l’élevage et même des outils en métal (Gn 4,2 et 4,22).

Conflits humains et rupture fraternelle

Un autre aspect marquant après la sortie d’Éden est la montée des conflits humains. La Genèse chapitre 4 raconte la rivalité tragique entre Caïn et Abel, les deux fils d’Adam et Ève. Caïn, agriculteur, tue son frère Abel, berger nomade. Ce fratricide symbolise l’entrée de la violence dans l’histoire humaine à cause du péché. Il peut également être lu comme l’écho d’un conflit de mode de vie : Caïn représente le sédentaire attaché à son sol, Abel le pasteur nomade parcourant les pâturages. Fait intéressant, cette opposition se retrouve dans d’autres récits antiques : par exemple un mythe mésopotamien raconte la dispute entre le dieu de l’agriculture (Enkimdu) et le dieu des bergers (Dumuzi) qui rivalisent pour la faveur de la déesse Inanna​college-de-france.fr. On voit que la tension entre éleveurs nomades et cultivateurs sédentaires était un thème connu. La question est même posée : la Bible montre-t-elle une préférence pour le mode de vie nomade (Abel) sur le sédentaire (Caïn) ? Pas si simple : dans l’histoire, c’est le pasteur Abel qui est tué et le meurtrier Caïn finit par fonder une ville (Gn 4,17). Quoi qu’il en soit, ce drame illustre que la fraternité humaine s’est brisée – ce que la foi appelle la conséquence du péché originel. Archéologiquement, on peut penser qu’avec la fixation des populations et l’apparition de l’ordre social (propriété de la terre, hiérarchies de clans), de nouveaux conflits ont émergé. Le récit de Caïn et Abel reflète cette réalité de façon imagée : les premiers humains bibliques font déjà l’expérience de la jalousie, de la colère et de la violence, tout comme les sociétés préhistoriques durent affronter les leurs.

Premières expressions du culte et de la foi

Dès les origines, l’homme est homo religiosus. La Genèse le reconnaît : avant même la « chute », Adam et Ève vivent en communion avec Dieu, et ensuite leurs fils offrent des sacrifices au Seigneur (Gn 4,3-4). Le chapitre 4 mentionne même qu’à l’époque d’Énos, petit-fils d’Adam, « on commença à invoquer le nom du Seigneur » (Gn 4,26). Autrement dit, la Bible situe l’apparition du culte et de la prière aux tout premiers âges de l’humanité. Or les données archéologiques confirment que la vie spirituelle et symbolique de l’homme est très ancienne. On a retrouvé des sépultures datant du Paléolithique moyen (il y a plus de 100 000 ans) pouvant indiquer des rites funéraires et une croyance en l’au-delà. Au Paléolithique supérieur (vers 40 000 – 10 000 av. J.-C.), les grottes ornées (Lascaux, Chauvet…) et les figurines comme la Vénus de Willendorf suggèrent des pratiques symboliques voire cultuelles. Les spécialistes estiment que la capacité cognitive pour la religion a certainement émergé chez Homo sapiens autour de cette époque​en.wikipedia.org. Avec la transition Néolithique, la religion semble s’être encore structurée : on voit apparaître de véritables sanctuaires et monuments cultuels (cercles de pierres type Stonehenge, temples, autels) dans les premières sociétés agricoles​en.wikipedia.org.


Vue panoramique du site de Göbekli Tepe en Turquie, daté du 10^e millénaire av. J.-C., souvent considéré comme le plus ancien sanctuaire monumental de l’humanité. Ce temple en pierre, construit par des groupes de chasseurs-cueilleurs à l’aube du Néolithique, témoigne de la naissance d’un culte organisé très tôt dans l’histoire​en.wikipedia.org. De façon concordante, la Genèse indique que les premiers hommes vouaient déjà un culte à Dieu : l’autel implicite de Caïn et Abel, puis plus tard Noé bâtissant un autel après le Déluge. L’archéologue Jacques Cauvin a d’ailleurs développé l’idée que la « révolution symbolique » (l’émergence de la religion et des mythes) a précédé et impulsé la révolution néolithique – comme si la foi en des réalités invisibles avait été le ferment du passage à une nouvelle société. En somme, la Bible et l’archéologie concordent pour présenter la religion comme partie intégrante de l’expérience humaine dès les origines.

Genèse 1–11 : mythe ou histoire ? Une interprétation conciliatrice

Face à ces parallèles, certains objecteront que le récit biblique d’Adam et Ève n’est qu’un mythe sans aucune réalité, ou au contraire qu’il entrerait en contradiction frontale avec les faits de l’évolution. Une lecture au prisme du Paléolithique et du Néolithique permet de répondre à ces objections de manière nuancée.

Un « mythe » porteur de vérité, non un récit fictif

Tout d’abord, il faut clarifier le terme de mythe. Les chapitres de la Genèse sur les origines (Genèse 1 à 11) ne sont pas un reportage journalistique ni une chronologie scientifique : ce sont des récits théologiques utilisant un langage symbolique et imagé (arbre de la connaissance, serpent tentateur, etc.). Pour autant, les qualifier de « mythe » ne signifie pas qu’ils soient faux ou sans valeur. La Commission biblique pontificale notait qu’on ne peut pas juger ces chapitres selon nos catégories modernes d’histoire ou de légende : « ces formes littéraires ne répondent à aucune de nos catégories classiques […]. Si l’on s’accorde à ne pas voir dans ces chapitres de l’histoire au sens classique et moderne, on doit avouer aussi que les données scientifiques actuelles ne permettent pas de donner une solution positive à tous les problèmes qu’ils posent »fr.wikipedia.org. En clair, Genèse 1–11 relève d’un genre littéraire sui generis : un récit des origines à portée spirituelle, qu’on peut appeler « mythe théologique » ou « histoire symbolique ». Ce mythe, inspiré par Dieu, vise à transmettre des vérités fondamentales (Dieu créateur de tout, dignité de l’homme à Son image, entrée du mal par la désobéissance, unité de la famille humaine, etc.) en utilisant des images compréhensibles pour des hommes d’il y a plusieurs millénaires.

Ainsi, lire Adam et Ève à la lumière du contexte préhistorique ne revient pas à dire que la Bible copierait l’histoire réelle de la transition Néolithique – mais plutôt que, providentiellement, elle la reflète de manière adaptée au message qu’elle veut transmettre. Le récit d’Adam et Ève condense en deux personnages et quelques épisodes ce qui fut en réalité un processus graduel étalé sur des millénaires : l’émergence de l’humanité consciente d’elle-même, la première faute morale de l’homme (quelque part dans la préhistoire), et ses conséquences néfastes. On peut parler d’une « transposition » théologique : l’auteur sacré a transposé des expériences humaines universelles (innocence perdue, labeur agricole, rivalités fraternelles, soif du divin) dans une narration concise, sous l’inspiration de Dieu, pour en dégager le sens profond. Cette lecture respectueuse du genre littéraire permet de maintenir que la Genèse dit la vérité sur l’homme (d’un point de vue de foi), sans pour autant être une chronique littérale. La vérité spirituelle du texte n’est pas niée, au contraire : elle se voit confirmée par le fait que les intuitions bibliques résonnent avec ce que la science découvre de nos origines. La Genèse n’est donc pas un « mythe pur » au sens péjoratif (invention fantaisiste), mais un mythe au sens noble : un récit fondateur qui, à travers des symboles, révèle des vérités permanentes sur Dieu et l’homme.

La Genèse contredit-elle l’évolution ?

Sur le plan scientifique, rien n’empêche de concilier la Bible et l’évolution biologique, si l’on respecte la portée propre de chaque domaine. L’Église catholique, par exemple, maintient que la foi biblique et l’évolution ne sont pas incompatibles : « Les catholiques admettent que [l’univers] puisse évoluer selon les lois voulues par Dieu, et que la science doit continuer de découvrir », déclarait Benoît XVI en 2007​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Il faut distinguer ce que la science décrit – comment le corps humain est apparu – de ce que la foi affirme – pourquoi et en quoi l’être humain est unique. La théorie de l’évolution, appuyée par de nombreuses preuves (fossiles, génétique...), explique très bien le développement des formes de vie sur des millions d’années. La Genèse, elle, explique la signification métaphysique et morale de l’origine de l’homme (création par Dieu, vocation au bien, drame du péché).

Beaucoup de croyants comprennent aujourd’hui la création d’Adam (à partir de la « poussière du sol ») comme compatible avec l’évolution : Dieu aurait façonné le premier homme en insufflant une âme spirituelle à un hominidé existant. On pourrait dire que le fait que Dieu ait pris un singe pour lui insuffler une âme spirituelle est admissible du point de vue catholique, car cet esprit fait alors de l’homme un être substantiellement différent, voulu comme tel par Dieu ; la « glaise » du récit de la Genèse étant bien une matière préexistante… dont [Dieu] se sert pour fabriquer le corps humainfr.wikipedia.org. En d’autres termes, l’évolution décrit le processus matériel par lequel le corps humain est apparu, mais c’est Dieu qui en est l’auteur ultime et qui a doté l’homme d’une âme immortelle. Cette vision est parfois appelée évolution théiste : elle voit dans l’évolution un mécanisme voulu par Dieu pour la formation progressive des espèces, y compris la nôtre.

Certains objectent toutefois des détails : par exemple, l’humanité ne descendrait pas d’un seul couple (Adam-Ève) mais d’une population d’au minimum quelques milliers d’individus primitives, ce qui semble contredire l’unité du genre humain présentée dans la Genèse. Là encore, plusieurs modèles théologiques existent pour réconcilier le monogénisme biblique et le polygénisme scientifique. L’un d’eux propose que Dieu ait choisi un couple au sein d’une population pour se révéler à lui et établir une alliance spéciale : ces « Adam et Ève » théologiques auraient alors chuté, et entrainé avec eux tous leurs contemporains (par leur influence ou par un décret divin) dans la perte de la grâce – de sorte que toute l’humanité se retrouve pécheresse et a besoin du salut du Christ​iscast.orgiscast.org. D’autres théologiens, comme l’anglais C.S. Lewis, ont imaginé des scénarios similaires où un petit groupe d’ancêtres humains reçoivent une âme rationnelle et la communion avec Dieu, puis la perdent par désobéissance, affectant la nature humaine dans son ensemble. Aucune de ces hypothèses ne peut être prouvée, mais elles montrent qu’il est envisageable, logiquement, d’accorder la réalité d’une évolution en population avec la doctrine du péché originel transmis à tous les hommes. Ce mystère reste débattu, et l’Église reconnaît qu’il y a là des questions ouvertes (Pie XII rejetait le polygénisme « dans l’état actuel de la doctrine »fr.wikipedia.org, mais la réflexion se poursuit). L’important est de retenir que l’évolution biologique n’élimine pas la vérité profonde exprimée par la Genèse : à savoir qu’au commencement de l’humanité, il y a eu un basculement libre dans le mal (un premier péché) dont chaque être humain hérite les conséquences et pour lequel il a besoin de la rédemption.

Microévolution, macroévolution : de quoi parle-t-on ?

Il convient ici de clarifier deux termes souvent évoqués dans ces débats : microévolution et macroevolution. Ces notions distinguent l’échelle des changements évolutifs. La microévolution désigne les petites variations à l’œuvre au sein d’une espèce – par exemple, l’adaptation d’une population de papillons à une nouvelle couleur d’écorce, ou la diversité des races de chien issues du loup. C’est l’évolution à petite échelle, observée sur quelques générations (par mutation, sélection naturelle, recombinaisons génétiques, etc.)​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. La macroévolution, elle, s’intéresse aux changements à très long terme qui aboutissent à l’apparition de nouvelles espèces et à des groupes entiers d’êtres vivants différents de leurs ancêtres éloignés​fr.wikipedia.org. En biologie moderne, il n’y a pas de frontière rigide : on considère généralement que la macroévolution est la résultante de microévolutions accumulées sur une vaste période. Cependant, dans le langage courant de l’apologétique, certains utilisent “microévolution” pour désigner les variations limitées (considérées comme factuelles) et “macroévolution” pour désigner l’idée plus spéculative que toutes les espèces descendent d’un ancêtre commun unique.

Dans une perspective chrétienne ouverte à la science, on peut accepter la microévolution sans difficulté, et la macroévolution de manière générale en y voyant le mode de création choisi par Dieu. La microévolution est évidente et observable (on la constate par exemple dans la résistance des bactéries aux antibiotiques, ou la sélection pratiquée par l’élevage sur les animaux domestiques). La macroévolution, elle, est inférée à partir des données fossiles et génétiques : elle est largement admise dans la communauté scientifique, bien qu’elle se déroule sur des échelles de temps qu’aucun humain ne peut directement observer. Si elle est vraie (et les indices en sa faveur sont nombreux), elle aussi fait partie du projet divin. Si, hypothétiquement, la macroévolution devait être nuancée ou révisée par de nouvelles découvertes, cela ne changerait pas grand-chose au message de foi : l’essentiel est que Dieu reste l’auteur de la vie, soit par une création directe des formes de vie, soit par une création médiate à travers un processus évolutif naturel guidé par Sa providence.

En somme, évolution et création ne s’excluent pas. Comme le résumait saint Jean-Paul II, « de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse » – il parlait de théories de l’évolution au pluriel – tout en rappelant que toute vision de l’évolution niant l’existence de l’esprit (en réduisant l’homme à la matière) est incompatible avec la vérité sur l’Homme​fr.wikipedia.org. L’Église accepte la neutralité de la science tout en refusant les extrapolations matérialistes abusives​fr.wikipedia.org. Autrement dit, l’évolution biologique est reçue comme explication du comment l’homme est apparu physiquement, mais la foi revendique le pourquoi et le en vue de quoi. Dieu a voulu l’être humain et a guidé – discrètement mais réellement – le processus menant à son émergence. Cette position équilibrée permet de sauver la réalité spirituelle de l’homme tout en intégrant les données de la biologie moderne.

Ce que la foi affirme de manière irréductible

Quelles sont justement les vérités non-négociables que la foi chrétienne maintient sur l’origine de l’homme ? En d’autres termes, qu’est-ce que toute théorie scientifique, si brillante soit-elle, ne pourra jamais abolir de l’anthropologie biblique ? On peut les résumer en quelques points :

  • Dieu est Créateur – L’univers et l’homme ne sont pas le fruit du hasard ou d’une nécessité aveugle, mais procèdent d’une volonté divine. Même si l’évolution explique des mécanismes naturels, pour le croyant ces mécanismes existent parce que Dieu les a pensés et soutenus dans l’être​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. L’homme est voulu par Dieu, il n’est pas un accident cosmique.

  • L’âme spirituelle – L’être humain possède une dimension spirituelle unique, que la Bible appelle « souffle de vie » insufflé par Dieu (Gn 2,7). La foi affirme que chaque âme humaine est créée directement par Dieu​fr.wikipedia.org. Ainsi, même si notre corps est issu du vivant préexistant (ce que laisse entendre l’expression « poussière du sol »), l’âme ne peut provenir que d’en haut. Cette âme confère à l’homme une dignité particulière, le rendant capable de raison, de conscience morale et de relation avec son Créateur.

  • Image de Dieu et transcendance de l’homme – La Genèse proclame que l’homme (homme et femme) est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,27). Cela signifie que, parmi toutes les espèces, l’humanité occupe une place à part. Scientifiquement, nous partageons beaucoup avec les animaux, mais aucune découverte ne pourra jamais annuler le fait que l’homme possède une ouverture à l’Absolu que les autres êtres n’ont pas. L’image de Dieu se traduit par la raison, la liberté, la capacité d’aimer et de connaître le bien, la créativité artistique, le sens du beau et du sacré… toutes choses attestées dès la préhistoire avancée​iscast.org. C’est un point non négociable : l’homme n’est pas qu’un primate évolué, il est surtout un enfant de Dieu en puissance.

  • Le péché originel – C’est une doctrine fondamentale du christianisme : « Par un seul homme, le péché est entré dans le monde » (Romains 5,12). La foi enseigne qu’au berceau de l’humanité, il y a eu un acte libre de désobéissance à Dieu, commis par nos premiers parents. Ce premier péché a fait perdre à l’homme la communion intime avec Dieu et introduit la mort et la concupiscence dans la condition humaine​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org. Autrement dit, l’humanité historique naît blessée, inclinée au mal, privée de la grâce originelle. Cette vérité, la science ne peut ni la prouver ni l’infirmer – elle relève du regard de foi sur la condition humaine. La lecture « pré-historique » de la Genèse suggérée plus haut ne nie pas le péché originel, au contraire : elle y voit précisément l’émergence du mal moral dans l’humanité (que nous avons symbolisée par la transgression d’Adam). Que cet événement se soit déroulé en un instant avec deux individus, ou progressivement au sein de la première humanité, le fait demeure que « quelque part, quelque chose s’est passé » (selon la formule du théologien Henri Blocher) qui a dévié l’humanité de son innocence initiale. C’est ce qu’exprime Genèse 3 par le récit d’Adam et Ève. Cette affirmation est irréductible pour la foi, car sans faute originelle, plus besoin de salut ; or « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rom 5,20).

  • La vocation à la relation avec Dieu – Enfin, la foi proclame que l’être humain a été fait pour vivre en communion avec Dieu, pour le connaître et l’aimer. La Genèse décrit Dieu marchant dans le jardin avec Adam, dialoguant avec lui, pour montrer cette intimité prévue dès le commencement. Cette vocation demeure, quels que soient les chemins évolutifs qu’ait empruntés l’humanité. Les découvertes préhistoriques sur les premiers cultes ne font que confirmer que, très tôt, l’homme s’est tourné vers la Transcendance. L’âme humaine a soif de l’infini – c’est un trait immuable. Aucune explication naturaliste ne peut complètement rendre compte de ce sens religieux inné. Pour le croyant, il s’agit du désir de Dieu déposé dans le cœur de l’homme. C’est en cela que la Genèse, loin d’être dépassée, éclaire toujours la destinée humaine : « Mon cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi », écrivait saint Augustin. Dès nos lointains ancêtres du Néolithique dressant des pierres vers le ciel, jusqu’à l’homme moderne, cette quête de Dieu traverse l’histoire.

Conclusion : Une harmonie entre foi et raison enrichissante

En articulant le récit d’Adam et Ève avec le passage du Paléolithique au Néolithique, nous ne cherchons pas à réduire la Bible à un livre d’histoire profane, mais à montrer une harmonie profonde entre le message biblique et la réalité du développement humain. Cette approche apologétique souligne que vérité scientifique et vérité de foi ne s’opposent pas, mais se complètent, chacune dans son ordre. La Genèse, lue dans son langage figuratif, contient une sagesse sur l’homme qui traverse les âges : l’homme vient de Dieu, il a connu un drame moral originel, il a transformé son mode de vie (non sans douleur), il porte en lui des conflits mais aussi une ouverture au divin. Les découvertes en anthropologie et en archéologie ne font qu’illustrer concrètement ces affirmations. Comme le dit un auteur contemporain, intégrer les données modernes dans notre lecture de la Bible « ne compromet pas le message important de la Genèse en tant que Parole de Dieu, il l’enrichit et en souligne la pertinence pour notre époque »iscast.orgiscast.org.

En définitive, cette conciliation respecte la vérité spirituelle intangible du texte sacré tout en la rendant intelligible à la lumière de la raison. Cela rejoint la conviction que foi et raison sont deux ailes d’un même oiseau, destinées à permettre à l’esprit humain de s’élever vers la vérité tout entière. La Genèse nous parle de qui nous sommes et pourquoi nous sommes – la science nous aide à comprendre comment nous en sommes arrivés là. Ensemble, elles peuvent offrir une vision plus riche et cohérente de l’origine de l’homme, pour la plus grande gloire de la Vérité, qui est Dieu lui-même.

Sources citées : Archéologie préhistorique​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.orgen.wikipedia.org; Réflexions exégétiques et théologiques​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.orgiscast.org; Enseignements de l’Église​fr.wikipedia.orgfr.wikipedia.org, etc. (voir référence)


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Pape Léon XIV et papes à formation scientifique

conversation avec chatgt sur l'existence de Dieu d'après la Somme théologique en forme catéchisme

Probus d’Antioche (prêtre et traducteur syriaque, Ve–VIe siècle)