Foi chrétienne et science moderne : l’apport de saint Thomas d’Aquin
Foi chrétienne et science moderne : l’apport de saint Thomas d’Aquin
Récit biblique de la Création et connaissances scientifiques
Le récit biblique de la Genèse présente Dieu créateur en six « jours », ordonnant l’univers (lumière, firmament, terre, plantes, étoiles, etc.). Chaque acte créateur est qualifié de « très bon » (Gn 1,31) et souligne que tout a été fait par amourvatican.va. Ce récit pose le “pourquoi” métaphysique (Dieu à l’origine, créateur sage et bon) plutôt que le “comment” scientifique. La science moderne, elle, décrit des faits empiriques : l’Univers a émergé d’un état dense et chaud il y a environ 13,8 milliards d’années (théorie du Big Bangfr.wikipedia.org), la Terre s’est formée il y a ~4,5 milliards d’annéesscienceworld.ca, et la vie a évolué par processus naturels. Bien que ces données puissent sembler contredire une lecture littérale des « sept jours », l’Église rappelle qu’elles éclairent plutôt notre compréhension du monde créé. Ainsi Benoît XVI souligne que le croyant peut « lire le grand livre de la nature et en comprendre le langage », tandis que « la Parole de la Révélation » reste nécessaire pour connaître Dieu comme Créateurvatican.va. En ce sens, l’Église ne présente pas la Genèse comme un manuel scientifique : le récit utilise un langage symbolique et narratif pour exprimer la dignité de l’homme (« créé par amour, à l’image de Dieu »vatican.va) et l’ordre voulu par Dieu dans la création, plutôt qu’une chronologie scientifique précise.
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Faits scientifiques actuels : Univers ≃13,8 Gafr.wikipedia.org, Terre ≃4,5 Gascienceworld.ca; vie évoluant par sélection naturelle (Jean-Paul II note que l’« évolution [des espèces] est plus qu’une hypothèse, c’est un fait avéré »vatican.va).
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Harmonie Bible/Science : Aucun conflit essentiel n’est requis entre les deux registres. D’après Jean-Paul II, la « vérité ne peut pas contredire la vérité »vatican.va, et l’exégèse biblique doit tenir compte des avancées scientifiquesvatican.va. La Genèse invite à « cultiver et garder » la création (Gn 2,15), non à la détruire ; comme le rappelle Laudato Si’, présenter l’être humain comme simple « dominateur destructeur » est « une interprétation incorrecte de la Bible »vatican.va.
Saint Thomas d’Aquin : foi et raison unifiées
Saint Thomas d’Aquin affirme que foi et raison émanent toutes deux du même Dieu, d’où leur accord foncier. Dans sa Somme de théologie, il établit l’harmonie entre les connaissances : la foi surnaturelle (théologie) porte sur les causes premières et finales (pourquoi ultime, sens), tandis que la raison naturelle (philosophie et sciences) examine les causes secondes et efficaces (comment) sans prétendre tout expliquer. Comme le résume Benoît XVI : « Au commencement était le Verbe – […] la Raison créatrice de Dieu » qui se communique aux hommesvatican.va. Jean-Paul II souligne que les exégètes doivent « bien délimiter le sens propre de l’Écriture, […] en tenant compte des résultats des sciences de la nature »vatican.va, évitant de forcer le texte à dire autre chose que son propos théologique.
Thomas apprend que la foi élève la raison : selon le professeur Gilles Émery, « Thomas d’Aquin montre comment une réflexion croyante peut et doit faire appel à la philosophie, sans contradictions et sans soumettre la foi à la raison humaine, mais en élevant la raison humaine par la lumière qu’apporte la foi »leverbe.com. Ainsi sa Somme demeure « l’une des plus belles démonstrations de l’harmonie possible entre la foi surnaturelle et la raison naturelle »leverbe.com. En pratique, cela signifie que la science peut librement explorer le « comment » du monde (lois physiques, évolution biologique, datations, etc.), tandis que la foi explique le « pourquoi » (Dieu cause première, finalités humaines, sens ultime). Les deux registres ne se contredisent pas car, comme le rappelle JPII, la vérité scientifique ne rend de comptes qu’à elle-même et au Dieu créateurvatican.va.
Paroles magistérielles et scientifiques croyants
L’Église catholique contemporaine réaffirme cette synthèse Foi–Raison. Jean-Paul II, soulignant que « la vérité ne peut se contredire », approuve la théorie de l’évolution – qui selon lui s’est imposée « plus qu’une hypothèse » par la convergence des découvertes scientifiquesvatican.va – sous réserve de certaines précautions d’interprétation. Benoît XVI a rappelé que l’on découvre Dieu « en reconnaissant l’invisible dans le visible »vatican.va, mais que l’Écriture donne les clés pour comprendre le Créateur ; il a posé avec force que la raison humaine trouve son origine et sa dynamique dans la Raison créatrice divinevatican.va. Le pape François a insisté sur la lecture non littérale de la Genèse (« Dieu n’est pas un magicien »sciencepresse.qc.ca) et explicitement affirmé que le Big Bang « ne contredit pas l’intervention d’un Créateur divin »sciencepresse.qc.ca, rappelant que la création de l’univers, même dans sa dimension historique, demeure œuvre de Dieu.
*Figure : Georges Lemaître (1894‑1966), prêtre belge et astrophysicien, pionnier du modèle du Big Bangfr.wikipedia.org. Il insistait pour sa part qu’il n’y avait « ni rapport ni conflit entre sa religion et sa science »amnh.org – la théorie du Big Bang étant « tout à fait étrangère à toute question métaphysique ou religieuse »amnh.org. Lemaître, comme François Collins aujourd’hui, séparait rigoureusement les deux registres : la science décrit comment Dieu opère dans la nature, tandis que la foi explique pourquoi il crée.
Plusieurs scientifiques croyants illustrent ce dialogue. Le prêtre Georges Lemaître, inventeur du concept de l’« atome primitif », a toujours veillé à ne pas utiliser le Big Bang pour imposer des doctrines religieusesamnh.org. De même, Francis Collins – généticien catholique et directeur du Projet génome humain – voit l’étude du monde vivant comme une manière d’« explorer les capacités créatrices de Dieu »pewresearch.org. Pour Collins, l’évolution répond à la question « comment Dieu l’a fait »pewresearch.org, et la science, loin de diminuer Dieu, conduit à l’adorer. En somme, comme l’affirme Collins, le progrès des sciences offre « une occasion de culte » quand on reconnaît leur origine en Dieupewresearch.org.
Conclusion : vers un dialogue fécond
Au total, la tradition thomiste, relue par le magistère catholique contemporain, enseigne que Bible et science sont deux chemins complémentaires vers la vérité sur la création. Elles éclairent chacune un aspect de la réalité divine et ne sauraient donner des réponses contradictoires sur un même niveau. Le « comment » naturel (lois physiques, génétique, etc.) s’explique par Dieu agissant en Créateur, tandis que le « pourquoi » final (sens, dignité, fin ultime) relève de la révélation et de la métaphysique chrétienne. Comme le déclarait Jean-Paul II, la foi fournit les buts ultimes et l’espérance (personnelle) là où la science s’arrêtevatican.va, et la science, en ouvrant le « livre de la nature », sert le culte de Dieu quand on l’interprète avec le sens de la foivatican.vapewresearch.org. Cette vision unifiée – enracinée chez saint Thomas – offre un cadre serein où penser ensemble la création et la science, au service de la raison éclairée par la foi.
Sources : Enseignements de Thomas d’Aquin, Pères de l’Église et papes (Jean-Paul II, Benoît XVI, François), extraits de l’encyclique Laudato Si’ et des interventions scientifiques (Georges Lemaître, Francis Collins)vatican.vavatican.vavatican.vapewresearch.org.
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